Histoire d'Alpine !

Et enfin, me revoici avec la charmante histoire d'Alpine ! Marque qui voulu durant une époque être la concurrente de la firme de Stuttgart...

Ses débuts sont, tout de même, charmants car la première Alpine a été créée par Jean Rédélé à partir des soubassements d'une Renault 4CV. Sa sœur, la A110, va propulser la marque vers des sommets grâce à une bande de copains qui ne comptera pas son investissement, tant personnel que financier !

Les protagonistes qui s'attèleront à façonner les différents bolides ne manquent pas non plus d'imagination : les différents éléments de carrosserie de la A106 Mille Miles sont ainsi tous constitués de polyester! La A110 (aussi appelée Berlinette, mais je n'ai même pas besoin de le répeter ! ) est en outre équipée d'un châssis poutre révolutionnaire et d'un moteur Gordini. Alpine doit surtout sa renommée aux courses : elle va ainsi enseigner l'école de la glisse à de nombreux pilotes et se révéler être une véritable bête de course. Le bolide qu'est la A110 remportera une quantité impressionnante de victoires.

L'esprit d'Alpine est encore bien présent de nos jours. En effet, le V6 2l turbo, victorieux au Mans en 1978, préfigurera les F1 Renault !!! Même si cette année, je sais pas trop où elles sont les F1 Renault ! Enfin ! La marque a ainsi donné naissance à Renault Sport qui permettra encore de découvrir des pilotes tels que Arnoux, Prost, Jabouille. Renault aurait pu poursuivre l'aventure Alpine. Cela lui aurait permis de vendre des véhicules de sport comme d'autres constructeurs le font : Fiat avec Ferrari, Audi avec Lamborghini, VW avec Porsche et Bugatti… Mais, pour l'heure, le sujet est encore tabou ! Malgré d'après un site internet, dés 2011 Alpine pourrait revenir sur nos routes et nos circuits ! Même si moi... Personnellement... Vu la crise et le peu de couilles qui reste à Renault... J'ai un sacré doute !

L'histoire

Mais revenons aux choses sérieuses...

L'aventure de Jean Rédélé, le créateur de la marque, commence dans un garage Renault, à Dieppe. Plus précisément dans le garage de son père qu'il découvre en ruine après les différents bombardements de la seconde guerre mondiale. La décision est prise : le remettre en état. Jean a un diplôme en poche. Mais il n'a que 24 ans. Il devient alors le plus jeune concessionnaire Renault de France ! A cette époque, il y a encore peu de véhicules Renault à vendre. Pour compléter son activité, Jean Rédélé se lance dans le négoce de véhicules issus de surplus américains. En 1948, la présentation de la 4CV Renault lui assure le développement de son fond de commerce. Cette voiture, qui permet de savourer les congés payés, commence à motoriser la France entière. Ses ventes vont exploser ! Mais, avant de pouvoir en prendre possession, il faut patienter un bon moment. C'était l'époque où il fallait savoir attendre une voiture !

Au volant de la 4CV, Jean Rédélé découvre le réel potentiel de cette voiture. Il propose une course à un concessionnaire de la région qui prétendait qu'une Peugeot 203 était plus rapide qu'une 4CV Renault. Les voilà donc lancés dans une course improvisée, de Dieppe à Rouen. Le vainqueur ? Jean Rédélé bien sûr, au volant de sa 4CV. Cette victoire lui donne des ailes. Il inscrit sa voiture au Rallye de Dieppe, qu'il remporte. Ses voitures vont aussi se montrer très habiles dans divers rallyes, tels que le Rallye Monte Carlo, le Tour de France et la Coupe des Alpes. C'est cependant la sortie de la 1063 la version de course de la Renault 4CV en 1952, qui va permettre aux 4CV d'écumer les différents rallyes. Jean Rédélé passe même l'arrivée avant que les commissaires de courses ne soient en place lors de l'une de ces courses !

Lors de la Coupe des Alpes précédemment citée, la voiture semble être terriblement à l'aise sur son terrain. C'est un signe pour Jean Rédélé qui décide que le nom de sa firme sera Alpine. Cette dernière va servir à redonner au sport automobile français sa splendeur d'avant-guerre. Pour cela, Jean se met en rapport avec le carrossier italien Giovanni Michelotti. Il lui porte main forte pour dessiner une voiture de sport en aluminium. Elle sera cependant produite par Allemano, un carrossier turinois. En 1953, Jean remporte à son bord le Rallye de Dieppe. La licence de ce véhicule sera vendue à un industriel américain. C'est un modèle bien abouti qui sera présenté en 1954 à New-York sous le nom de " The Marquis ". Il n'aura cependant pas d'issue commerciale ...

En 1955, Jean Rédélé rencontre les frères Chappe. Ces derniers donneront naissance aux fameuses CG en s'associant avec Gessalin. Ce sont des spécialistes du moulage du polyester. Ils vont s'atteler au lancement de l'A106 d'une façon tout à fait originale. Ils créent en effet un coupé en acier qui leur servira par la suite de moule pour fabriquer les différents éléments en polyester. Le procédé est très astucieux : alors que les autres constructeurs fabriquent directement le prototype en polyester et le dupliquent, Jean Rédélé économise la fabrication de matrices nécessaires à la mise en série ultérieure. L'A106 mille miles est née ! En juillet de cette même année, Jean Rédélé présente ses trois coupés A106 : un bleu, un blanc et un rouge (Tiens donc ! ) à Pierre Dreyfus alors président de Renault. Ce dernier lui fournit les châssis et le moteur 4CV. En septembre, Jean Rédélé présente ses Alpines aux journalistes, puis au public, lors du Salon de Paris. Son rêve devient réalité au travers de la naissance de cette marque ! Et une nouvelle marque française naît !

En grand chef d'entreprise, Jean Rédélé sait que, pour vendre ses voitures, il leur faut une bonne publicité. Pour des voitures de sport, la meilleure des publicités est bien évidemment la course automobile. Il inscrit donc ses voitures dans un maximum de compétitions de tous niveaux. La A106 emprunte de nombreuses pièces à la 4CV (la plateforme, les trains roulants et la base mécanique de la 1063), mais aussi à la Renault Frégate (sa lunette arrière servira de pare-brise à la A106 !). Cet assemblage, auquel peut s'ajouter une boîte 5 en option, autorise un bon 150 km/h ! En 1956, la A106 termine première de sa catégorie dans différentes courses. Alpine gagne ses premières victoires à la Mille Miglia, à la Mille Miles et à la Coupe des Alpes.

Renault propose la version Gordini de sa Dauphine en 1958. Cette voiture officialise le partenariat avec le motoriste Amédée Gordini qui propose désormais ses moteurs pour les versions sportives de la gamme Renault. Jean Rédélé pourra par conséquent en bénéficier pour sa marque. Avec l'aide du carrossier Giovanni Michelotti, Jean crée la A108. Sa forme annonce déjà la A110 !! La A108 utilise les moteurs de la Dauphine. Elle obtient sa carrosserie fabriquée entièrement chez Alpine à Dieppe. En 1959, un coupé équipé d'un châssis poutre maison est mise en vente. Cette même année, Jean présente la GT4, un élégant coupé 2+2. Sur toute la gamme, les motorisations vont du 745 au 904 cm3 de 60 Chevaux. Les boîtes de vitesses annoncent quant à elles de 3 à 5 rapports. Les combinaisons sont modulables. Les désirs des clients exaucés !

En 1960, lors de la présentation de la A108 Tour de France, l'entreprise passe de la production artisanale à celle en série. Mais en 1963, la Berlinette A108, qui ne peut recevoir le moteur 5 paliers de la R8, impose la création de la A110 qui a son arrière rallongé. Cette petite bombe va véritablement propulser Alpine sur les plus hautes marches des podiums des différents rallyes.

Les motorisations, revues par le préparateur moteur réputé Mignotet, proposent maintenant 70 Chevaux pour une cylindrée de 998 cm3. L'équipement des versions compétition est complété d'une direction directe, d'une boîte de vitesses à 5 rapports et de suspensions modifiées appelées Mille Miles. Les coques moulées en résine de polyester sont désormais armées de fibre de verre.

En 1964, Alpine sort victorieuse dans la catégorie 1000 cm3 au Rallye Monte Carlo !
Puis en 1967, trois ans plus tard, l'A110 1500 cm3 est présentée ! Elle reprend le moteur de la R16, comme la Lotus Europa... Qui sera une de ses concurrentes... Le montage de ce plus gros moteur imposera le déplacement du radiateur de refroidissement moteur vers l'avant du véhicule.

Cependant, les ventes d'Alpine se portent bien et dés 1968, la marque peut se permettre de faire venir de grands pilotes, tels que Darniche et Nicolas, pour piloter les A110 !
En 1970, la A110 1600 inaugure la nouvelle usine Alpine située dans la zone industrielle de Dieppe. Le centre Alpine d'Epinay-sur-Seine est mis en service pour assurer l'après-vente et la distribution des véhicules. La A110 est fabriquée sous licence dans différents pays : Brésil (Willys Interlagos), Espagne (FASA).

Soudain, en 1971, l'A310 est présentée. Cet élégant 2+2, motorisé par un 4 cylindres 1600 cm3 de 140 chevaux, provient une nouvelle fois de chez Renault. Il va chercher à imiter les Porsche 911. Cependant, sa sortie hâtive démontre un manque de mise au point qui va coûter cher à Alpine. La carrosserie, toujours en polyester stratifié, intègre un arceau et enferme le châssis poutre cher à Alpine... La même année, les Berlinettes sont aux premières places dans toutes les courses. Les résultats des Rallyes ont un fort impact sur les ventes qui ne cessent de progresser.

Le 1er janvier 1973, Renault prend des parts du capital d'Alpine et en devient l'actionnaire majoritaire. La décadence commence ... Les multiples victoires de la A110 boostent encore la demande. Toujours obnibulé par la performance, chose que nous n'allons pas lui reprocher, Mignotet travaille sur la base du 1255 Gordini provenant de la Renault R8. Il en arrive à des cylindrées de 1296 et 1440 cm3 ! Durant cette même année, après avoir remporté pratiquement toutes les courses de la saison, la Berlinette est sacrée championne du monde des Rallyes. La hausse du prix du pétrole et les limitations de vitesse vont cependant donner un coup de frein aux ventes d'Alpine.

Ainsi, la A310, lancée deux ans plus tôt, n'obtient pas les résultats sportifs escomptés. Elle sera boudée au niveau commercial. La presse critique également sa sous-motorisation. Un handicap qui ne sera levé qu'en 1976, lorsque le V6 PRV sera enfin monté dans cette voiture et que le restylage se fera... C'est d'ailleurs à ce moment là que les ventes de ce modèle reprennent...

Malheureusement, en 1977, Jean Rédélé se retire de son poste de PDG. La Berlinette est arrêtée après fabrication de 7500 unités.
En 1978, malheureusement Renault reprend l'usine de Dieppe afin d'assembler les prochaines Alpine.
Malgré l'adoption du V6, la A310 ne connaîtra jamais le même succès que l'A110. La remplaçante de la A310 sera l'Alpine GT. Elle s'appellera GTA dans sa version à moteur atmosphérique et GT Turbo dans sa version turbo compressé.

La GT est présentée en 1985. Comme sa devancière la A310, elle ne sera pas bien accueillie par la presse. Il lui est notamment reproché son intérieur luxueux et son absence de sportivité. Pourtant, la qualité s'est considérablement améliorée. Les séries spéciales, boudées par les clients, ne vont pas non plus contribuer à relancer les ventes.

En 1990, Renault tente de redonner à Alpine son identité en supprimant toute référence au losange. Cependant un autre coup est porté à la marque : la dépollution. Le montage de pots catalytiques diminue les performances des moteurs. La dépollution enlève à ce coupé déjà lourd toute prétention sportive. La remplaçante des GT, à savoir la A610, n'aura même pas le succès escompté. Alors que l'on pense Alpine perdue à jamais, la A610 est présentée à Genève en 1991. Ce coupé deviendra cependant de plus en plus cossu, avec intérieur cuir, mini-chaîne ou encore climatisation. Ces équipements, outre le fait d'augmenter le poids, auront comme inconvénient principal de majorer le prix de vente ! Malgré une augmentation importante de puissance, ce modèle ne pourra rivaliser avec les Porsche qu'il cherchait à concurrencer. Qui plus est, la A610 n'en aura pas la sportivité. Ce modèle est ainsi resté confidentiel. Il n'a été produit qu'à 762 exemplaires !

Finalement, après avoir produit 27 000 voitures en 40 ans, la marque Alpine va purement et simplement être abandonnée par Renault en 1995 !!! Cette fin vient logiquement clore une politique engagée par Renault dans les années 1980. Cette politique avait débuté par un remplacement trop tardif de la A310 vieillissante. Elle se poursuivra en s'éloignant toujours plus de l'esprit sportif d'origine d'Alpine. En effet, les modèles ne cesseront de s'embourgeoiser avant d'être abandonnés. On parlera bien d'une héritière de la Berlinette. Mais le projet W71 restera dans les cartons, laissant les passionnés d'Alpine sur leur faim. C'est, à mon avis, une bien triste fin pour une firme ayant donné à Renault deux titres de Rallye, une victoire au Mans et de sérieuses bases pour son équipe de Formule 1. Celle-ci utilisera le V6 Turbocompressé jusqu'en 1986.

La competition

Conjointement aux productions de séries, Rédélé se lance en 1963 dans l'aventure des sports prototypes et donc des 24 Heures du Mans. Il prend le pas sur son rival René Bonnet à qui Renault fournit également des mécaniques. En 1964, le 1100 cm3, préparé par Amédée Gordini, ouvre également la voie des F2 et F3. Il possède un châssis unique, inspiré de la Lotus, la référence à l'époque ... José Rosinski, journaliste chez Sport Auto et pilote, est chargé de créer le département compétition d'Alpine. Il a pour challenge de tout organiser afin que le rêve de la bande de copains d'origine (courir en compétition) se réalise. Ils vont mener leur barque jusqu'à obtenir des résultats impressionnants.

En 1963, les M63 voient le jour avec le moteur Gordini autorisant un bon 220 km/h.
Puis en 1964, les M64, remplaçantes des M63 sans leurs défauts de jeunesse, sont présentées sur la grille des 24 Heures du Mans. Elles remportent l'indice énergétique qui récompense les véhicules ayant consommé le moins de carburant. Cette victoire donne à Alpine une dimension internationale !!

Deux ans plus tard, Alpine revient au Mans, sans succès. Aucune des cinq voitures ne termine la course. En fin de saison, à Reims, ces voitures auront leur revanche en remportant leur classe.

Au Mans, en 1966, six voitures sont cette fois-ci équipées du 1300 cm3 de la R8 Gordini. Les performances de cette dernière ont en outre évoluées. L'accroissement de cylindrée, et donc de puissance, permet à Alpine de pouvoir enfin battre les Fiat Abarth. Quatre d'entre elles sont aux premières places. Ces victoires effacent le manque de résultats de 1965.

Dés 1967, Gordini travaille sur un gros moteur, un 3000 cm3 formé de deux groupes 4 cylindres accolés en V à 90 degrés. Et en 1968, ce V8 apparaît sur les A210. Les événements de mai repoussent les 24 Heures du Mans. Cela permet du coup l'inscription de la voiture pour une lutte au sommet en 3 litres. La A220 est engagée au Mans. Sa carrosserie est modifiée afin que le V8 puisse y entrer ! Malheureusement, la mieux placée des voitures terminera en huitième position cette année-là.

Dés 1969, Alpine et Renault se retirent de la compétition Prototype pour la simple raison que le moteur V8, était déjà dépassé alors qu'il n'avait jamais été performant. Il est vrai que deux moteurs collés pour n'en faire qu'un seul n'égaleront jamais un moteur tout neuf…

L'arrêt des Prototypes libère du temps pour les monoplaces. Celles-ci, travaillées par Gordini et Mignotet ne vont cesser de gagner en puissance. En 1976, Alpine se relance dans les courses d'endurance en présentant la A440 et ces héritières. Elles mèneront à la A442 qui, en 1978, remportera l'épreuve Mancelle aux mains de Pironi, Jaussaud et Jabouille. Passée cette date, il ne sera plus question d'Alpine mais de modèles Renault étudiés et développés par Renault Sport qui intègre les ateliers de Gordini à Viry-Châtillon...